Entre répétitions et improvisations minimalistes, Martin Raack créé des espaces cinématographico-meditatifs, des images presque abstraites qui s'étirent dans le temps au ralenti. Un air de guitare qui tourne en boucle, un synthé qui erre, quelques bruits de fonds, One Day I Would Love To Cook Some Sweet Melodies... est un album d'ambiant lo-fi à tendance folk, enregistré sur deux ans, qui crée sa plaisante bulle.
Depuis 2008, quand il utilisait encore le pseudo Freeze Puppy, Tom OC Wilson a enregistré un morceau chaque jour de l'an jusqu'à se décider à les sortir, cette année, sur bandcamp. 17 courts morceaux lo-fi, pop, ludiques et singuliers, dont une majorité de chansons. Mélodies travaillées, harmonies vocales, rythmiques joyeuses, octavers, font partie de l'identité du britanique que l'on retrouve dans cette collection sobrement intitulée The Album.
Lien : New Year's Song - The Album
On ne quitte pas 2024 sans avoir écouté Danger! Danger! Danger!, le nouveau Brabrabra sorti in extremis pour sauver une année maussade. Le trio féminin berlinois refait surface avec des mélodies plus indie pop et de belles harmonies mais toujours rock and roll. Un mélange doux-amer de guitares, clavier, batterie et voix, formant l'un des meilleurs albums sortis cette année.
Lien : Brabrabra - Danger! Danger! Danger!
Nick Wheeldon ramène sa grande bande d'amis sur ce Make Art pour un album de folk rock très 60s. Fin songwriter, quand il ne balade pas sa voix sur de calmes sentiers (Skimming Stones), Wheeldon pousse ses chansons dans la tourmente et la rage avec entrechocs de guitares, saxo, piano... comme sur l'excellent Comedy. Bien entouré de toute une palette de très bons musiciens, dont le guitariste Julien Ledru, le britannique parisien façonne avec Make Art, un généreux album fort en émotions.
Lien : https://nickwheeldon.bandcamp.com/album/make-art-lp
Peut-on parler de Mercury Rev en 2024 sans chercher à faire des comparaisons avec "avant" ? Les deux premiers albums ont eu leurs fans, Deserter's Song aussi, la suite a été boudée. À l'écoute de Born Horses, quelques évolutions musicales mais le talent du groupe pour l'instrumentation est toujours bien présent. Le choix d'orienter cet album vers le spoken word n'enlève pas la grandeur mélodique d'un morceau comme Your Hammer My Heart ou les envolées psyché de Mood Swings et Everything I Thought I Had Lost. Les textes sont moins énigmatiques qu'ils ont pu l'être et semblent parfois naïfs et maladroits au premier abord. Mais l'effort d'écoutes répétées permet d'aller un peu au-delà et percevoir un peu de cette tension qui rendait les choses moins évidentes chez Mercury Rev, le ton semble changer, on vogue sur des flots de pensée pour perdre contact avec la réalité, extérieure du moins, et finir par faire abstraction de cette apparence naïve. L'instrumentation est généreuse et fait ressortir des influences jazz qu'on avait déjà croisé chez eux. Il y a des moments de suspension, des explosions, et pour qui sait écouter patiemment, Born Horses se révèlera peut-être un excellent album.
Lien : Mercury Rev - Born Horses
Deuxième album (mais enregistré en premier) des montréalais Feeling Figures, Everything Around You, brasse des influences rock assez larges. Si la couleur dominante est plutôt alt rock avec des guitares saturées un peu noisy et souvent Zakary Slaw au chant, Kay Moon apporte une touche plus indie pop quand elle prend le micro. Les chansons Imagine Nations et Everything Around You, par exemple, sont une bonne démonstration. Mais on peut aussi tomber quelque chose de plus psyché-folk (Skin I'm In) ou inspiré shoegaze façon Swirlies (Swimming). Un album varié donc mais avec sa cohérence, son son (oui, son son).
Lien : Feeling Figures - Everything Around
